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Base 9 : Le Patient Anglais

Le Patient Anglais, ou le portrait contrasté de 2 femmes dans le regard d’un même homme.

A l’image de l’affiche, ce très beau film est un jeu de lumières et de contrastes :

Contraste entre 2 lieux et 2 époques d’abord, entre une insouciance coloniale dans une Afrique du Nord qui se prépare à la guerre, et une fin de guerre en Italie qui veut panser ses blessures, tourner la page et revivre.

Contraste aussi entre 2 phases de vie d’un homme, Almasy (Ralph Fiennes), d’abord dans le feu d’une passion amoureuse très charnelle, et dans une vitalité qui semble à toute épreuve, puis gravement blessé et totalement dépendant, face à la certitude de sa propre mort qui se rapproche inexorablement.

Contraste enfin entre 2 femmes que tout oppose, sauf leur affection pour cet homme. Un portrait en jeu de miroirs où l’ombre de l’une met en avant la lumière de l’autre.

Katharine (Kristin Scott Thomas) se sait belle et se veut séductrice, renvoie d’elle-même une image maîtrisée de confiance et d’estime de soi, pleine d’assurance, arrogante parfois, provocatrice souvent, efficace et lucide sur les autres. Elle noue avec Almassy une relation passionnelle égocentrique, sophistiquée, tumultueuse, et finalement tragique.

Hana (Juliette Binoche) est infirmière au chevet d’un Almassy mourant. D’une beauté rayonnante autant que modeste, elle se montre toujours humble, patiente, dévouée, sans pour autant oublier de prendre soin d’elle-même. Intensément ancrée dans le présent, elle est là, simplement, pour vivre et accueillir ce qui survient, quoi qu’il arrive. Sans faire aucun étalage de ce qu’elle vit, elle se laisse voir dans sa souffrance comme dans ses joies, n’ayant pas peur d’être simple, ne cherchant pas à paraître, ou à contrôler quoi que ce soit. En nouant une relation amoureuse épurée et sans calcul du lendemain avec un sikh dévoué à sa mission de déminage, elle confirme une facette essentielle de sa personnalité, qui est l’accueil inconditionnel de la différence.

Servi par une mise en scène et une interprétation superbes, le personnage de Hana nous offre une exploration très lumineuse du profil 9 en ennéagramme. Une belle invitation aussi, à contacter cette partie en nous modeste et décentrée, de quiétude et d’attention à l’autre, de présence et d’accueil, d’ancrage dans le présent.

Le film se termine comme une question sur le visage de Hana, manifestement enrichie d’une expérience qui l’a transformée : Qu’a-t-elle vécu intérieurement ? Peut-être d’avoir créé autour d’elle une belle harmonie, dans laquelle elle a pleinement trouvé et assumé sa place…

Bon film !