Le Cercle des Poètes Disparus, ou la liberté et l’enthousiasme érigés en principe de vie.
« Caaarpe diem ! » chuchote à ses élèves un jeune professeur joueur, anticonformiste convaincu et convaincant, désireux de faire émerger des esprits libres et maîtres de leur destinée, dans un internat ultra-conservateur, où règne une discipline de fer, aveugle et implacable.
Séduits par le charisme de leur professeur, par sa gouaille et son enthousiasme communicatif, les esprits s’éveillent peu à peu au plaisir intense de cette liberté possible et nouvelle pour eux, en même temps qu’ils en découvrent le prix, et que se joue un drame absolu, qui mène l’un d’entre eux au suicide.
Le jeune professeur se fait bien-sûr expulser sans ménagement et sans discernement, mais le film pose néanmoins cette question troublante : qui est responsable ? celui qui a créé l’espoir, celui qui a voulu y croire sans discernement, ou tous ceux qui ont l’empêché d’exister ?
On fait souvent aux personnes de profil 7 le procès de leur légèreté, et c’est bien le thème du film. ici Robin Williams nous emmène droit au cœur du cœur du profil 7, servant avec brio un personnage d’une très grande profondeur malgré sa légèreté apparente. Un personnage en ombre et en lumière, qu’on peut accuser d’inconséquence, mais qu’on admire pour son altruisme, sa vivacité d’esprit et pour cette vague d’espoir et d’énergie positive qu’il apporte.
« Je voulais vivre intensément et sucer toute la moelle secrète de la vie […] pour ne pas, au soir de la vieillesse, découvrir que je n’avais pas vécu. »
Derrière ce sourire narquois, derrière le jeu, la dérision et l’humour, on découvre tout le sérieux et la gravité d’une vision très réaliste de la vie : éphémère, fragile et précieuse.
En 7 transformer la vie en jeu n’a rien de superficiel : c’est chercher à en savourer chaque instant, pour tenir à distance l’angoisse de la souffrance et de la mort. Et l’anticonformisme n’est finalement qu’un moyen accessoire d’accéder à la liberté, essentielle, de goûter au sel de la vie.
Une invitation du profil 7, c’est peut-être (symboliquement !) de se lever sur sa table de lycéen et de se lancer à soi-même son propre « O Captain, my Captain ! »
